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Eh bien ! Chantez maintenant

Eh bien ! Chantez maintenant

Le 25/11/2022

Du chanteur trop timide pour sortir de sa salle de bains à l’artiste reconnu, en passant par tous ceux qui rêvent de devenir the voice, tout le monde chante. Ou devrait chanter. Car c’est un loisir joyeux aux multiples vertus, décuplées quand il se pratique en groupe.

Du chanteur trop timide pour sortir de sa salle de bains à l’artiste reconnu, en passant par tous ceux qui rêvent de devenir the voice*, tout le monde chante. Ou devrait chanter. Car c’est un loisir joyeux aux multiples vertus, décuplées quand il se pratique en groupe.

* La voix. Surnom du crooner américain Frank Sinatra et titre d’une émission de télécrochet

Vignette Actu - Eh bien ! Chantez maintenantVignette Actu - Eh bien ! Chantez maintenant

La chanson est un art mineur, disait Serge Gainsbourg.

Pourtant, elle est au cœur (chœur) de nos vies, elle en rythme les grandes étapes, fait résonner nos émotions… La voix est le plus vieil instrument au monde. Le chant est universel et démocratique : chacun y a accès (sauf dans certaines dictatures) et peut y prendre du plaisir, un plaisir gratuit.

Chanter, « c’est une manière de se tenir », dit Saskia de Ville, musicologue et journaliste. Une affirmation que l’on peut prendre au propre comme au figuré.

La partition du bonheur

« Une des premières choses que l’on apprend avec le chant, c’est le placement de la respiration, poursuit celle qui a fait partie de la maîtrise de l’opéra de Bruxelles pendant une quinzaine d’années.

Faire descendre l’air le plus bas possible quand on inspire, gonfler le bas du ventre, expirer en prenant le plus de temps possible. »

Cette respiration ventrale permet de créer une base solide sur laquelle placer la voix. Elle muscle le diaphragme, qui chasse l’air des poumons vers les cordes vocales, mais aussi les abdos, le dos, le thorax, les cuisses, le cou… Les muscles du visage, dont les zygomatiques, sont sollicités lorsqu’on ar-ti-cule les paroles de la chanson.

Comme le rappelle la Fédération pour la recherche sur le cerveau, pousser la chansonnette fait du bien aussi dans la tête.

Le taux de cortisol (hormone du stress) diminue alors que les hormones dites du bonheur (dopamine, endorphines, ocytocine, sérotonine) sont stimulées. Elles favorisent le bien-être, l’énergie positive, la confiance en soi, les liens sociaux, apaisent la douleur physique et psychologique.

Le chant se fait alors thérapie et rentre dans les hôpitaux pour soulager les dépressions, accompagner des malades atteints de troubles neurodégénératifs (maladie de Parkinson, sclérose en plaques…), etc.

Photo d'illustration - Groupe d'amis qui chantent ensemblePhoto d'illustration - Groupe d'amis qui chantent ensemble

Vibrer à l’unisson

Mais la chanson n’était-elle que biologie ?

À la fin des années 1980, les pays baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie) ont mené pendant des mois une « révolution chantante » : une chaîne humaine de 680 km réunissant un tiers de la population réclamait son indépendance vis-à-vis de la Russie avec un hymne. Et elle l’a obtenue !

L’hymne y est peut-être pour quelque chose : chanter ensemble, c’est synchroniser son énergie positive à celles des autres. C’est se donner de la force pour avancer.

On vibre collectivement et cela se ressent. « C’est comme si quelque chose s’échappe de vous et va toucher l’autre, c’est magique », analyse la musicologue. Cela peut mener jusqu’à la transe, un état de conscience modifié du monde, de soi…

Sans en arriver là, chacun peut expérimenter ce qui se passe avec le chant choral : l’écoute, l’attention à l’autre, le sentiment d’appartenance au groupe s’aiguisent. D’où les chants qui réunissent, dans un temple, un stade, lors de manifestations festives ou même vindicatives.

« Pour pouvoir chanter ensemble, il suffit d’avoir un socle de valeurs commun, pas plus, dit Kaddour Hadadi, chanteur engagé de HK et Les Saltimbanks. On partage des petits moments de bonheur, c’est le début d’un lien. C’est presque chimique. »

Ce lien peut se créer très tôt avec les enfants, y compris les prématurés dans certains services de néonatalogie, avec des berceuses, des comptines rassurantes. Même avant la naissance : c’est le chant prénatal qui, au-delà de la préparation à l’accouchement, relie les parents à l’enfant. Les chansons s’inscrivent dans les mémoires. Lorsqu’avec l’âge ou la maladie, celles-ci s’effacent, souvent les mélodies restent et continuent d’apporter joie et apaisement…

A écouter :

Chanter pour l’agriculture paysanne

« Nous on veut continuer à danser encore, Voir nos pensées enlacer nos corps… »

Vous connaissez cette chanson devenue très populaire pendant le confinement de l’automne 2020.

« On l’a écrite un soir et dès qu’on l’a mise sur les réseaux, des millions de gens se la sont appropriée. », raconte Kaddour Hadadi, du groupe HK et Les Saltimbanks, qui écrit des chansons pour essayer de « créer des petits déclics ».

Celle-ci est née d’une colère : « Les magasins étaient ouverts mais les bibliothèques, les salles de concert restaient fermées ! C’est toute la vision d’une société qu’on ne veut pas, pour qui la culture n’est pas essentielle, qui oppose les gens. Danser encore est une ode au être ensemble, pour affronter ensemble. »

Les interdictions levées, les musiciens ont repris la route. Direction des fermes où ils organisent marchés et bals paysans.

« On avait envie de faire quelque chose qui a du sens, comme défendre une vision de l’agriculture paysanne. Le concert peut attirer des gens éloignés de l’agriculture, de la production locale… Quand un apiculteur nous a dit avoir fait son meilleur marché de l’année, ça nous a émus ! On espère que d’autres artistes reprendront l’idée de ces bals. »

 


L’agenda des bals paysans (prix libre) et de la tournée Danser encore : hk-officiel.com

Retrouvez cet article en intégralité dans le n°126 de CULTURESBIO, le magazine de Biocoop, distribué gratuitement dans les magasins du réseau, dans la limite des stocks disponibles.

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